Le 8 septembre, Young se dirige vers Toulon et traverse Cuges. Voici ce qu’il en dit :
« Pendant trois ou quatre milles, la route circule entre deux rangs de bastides et de murs ; elle est en pierre blanche qui donne une poussière incroyable ; à vingt perches de chaque côté, les vignes semblaient poudrées à blanc. Partout des montagnes et des pins rabougris. Vilain pays sans intérêt ; de petites plaines sont couvertes de vignes et d'oliviers. Vu des câpriers pour la première fois à Cuges. À Aubagne, on m'a servi à dîner six plats assez bons, un dessert et une bouteille de vin pour 24 sous, cela pour moi seul, car il n'y a pas de table d'hôte. On ne s'explique pas comment M. Dutens a pu appeler la poste aux chevaux de Cuges, une bonne auberge, c'est un misérable bouge ; j'avais pris sa meilleure chambre, il n'y avait pas de carreaux aux fenêtres. »
Entre 1787 et 1790, Arthur Young entreprend trois voyages en France. Observateur minutieux des techniques agricoles, il l’est également de l’état du réseau routier, des auberges, des mœurs et des mentalités de la société française.
Son livre « Voyages en France », publié en 1792, est un témoignage édifiant sur la situation économique, sociale et politique de la France avant les événements de 1789. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le tableau qu’il dresse des campagnes françaises à la fin de l'Ancien Régime est peu flatteur…
Le 4 septembre 1789, Arthur Young arrive à Marseille où il passe quelques jours. Il y rencontre notamment l'abbé Raynal, ami de Voltaire et Diderot, précurseur des Droits de l'homme et de la lutte contre l'esclavage dans les colonies.
Cet agronome passionné, curieux des techniques pratiquées dans d’autres régions ou dans d’autres pays entreprend plusieurs voyages qui le conduisent à sillonner l’Angleterre, l’Irlande, le Pays de Galles, mais aussi la France, l’Italie et l’Espagne, des voyages qui s’apparentent à de véritables enquêtes agricoles…
Young publie de nombreux articles et ouvrages techniques qui lui confèrent une notoriété certaine dans toute l’Europe, et qui lui valent de devenir membre de la Royal Society. Il édite, entre 1784 et 1809, les 45 volumes des « Annales de l’Agriculture ». En 1793, il est nommé par le gouvernement secrétaire du Conseil de l’Agriculture.
Il meurt en 1820.
Arthur Young est l’un d’eux. Son père, président de la Chambre des communes, est également prêtre dans le Suffolk où il possède de nombreuses terres. Le jeune Arthur Young fréquente très tôt les réunions politiques et s’oriente tout d’abord vers le journalisme. Il est à peine âgé de 20 ans quand il crée à Londres son premier journal. Il publie également plusieurs romans.
Mais c’est dans l’agriculture qu’il se décide à faire carrière. Adepte de l’enclosure et des grandes exploitations, fervent défenseur de l’expérimentation, il est convaincu de la nécessité d’adopter des méthodes agricoles innovantes. Il retourne dans le Suffolk pour y exploiter une terre familiale et y tester de nouvelles techniques.
Arthur Young est né en 1741, en Angleterre, un pays où la société rurale est de longue date largement prédominante. En ce 18ème siècle, se développe en Angleterre ce que d’aucuns qualifient de révolution agricole, avec notamment l’apparition d’un véritable engouement pour l’agronomie, principalement au sein de la noblesse anglaise. Celle-ci en effet, dans un contexte de forte expansion démographique, entrevoit la perspective de nouveaux profits avec le développement de la productivité agricole. Les propriétaires terriens anglais s’attellent alors à la rentabilisation de leurs terres.
Arthur Young, agronome et voyageur...
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